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AVANT-PROPOS
Le présent travail est le résultat de l’élargissement d’une question que nous nous sommes posée lors de la composition de notre mémoire de maîtrise (1). Il s’agissait alors d’étudier un petit établissement industriel de l’État dont l’existence avait été remise en question en 1878, non par l’effet d’une réforme administrative, mais sous l’action d’un petit nombre de parlementaires qui cherchaient à connaître, en vue de l’améliorer, le rendement économique des arsenaux portuaires et des usines de la Marine hors des ports. La répartition des commandes entre ces établissements et l’industrie nationale a naturellement été évoquée par la commission mixte réunie pour étudier les questions soulevées, et les éléments recueillis lors de notre première recher-che permettaient d’envisager une étude des relations de la Marine et de l’industrie pendant la période précédant immédiatement cette époque (1814-1870), période pendant laquelle la grande industrie est née en France. L’acteur collectif principal, du côté de l’administration, est déjà un corps d’ingénieurs, en dépit de certaines apparences. Nous avons cherché à savoir quand et comment ce corps s’était constitué et quelle était sa place en 1814 dans l’organisation générale de la Marine. La seconde partie de cette question a été traitée dans le mémoire de diplôme d’études approfondies, et elle nous a conduit à décrire une épuration administrative, sans oublier d’esquisser l’organisation de la Marine, dont l’évolution serait à suivre jusqu’en 1870 (2). La mise en forme des matériaux recueillis pour répondre à la première partie de la question constitue le noyau du présent ouvrage.
Le problème resté en suspens a été posé par un ancien capitaine de vaisseau devenu conseiller d’État, un ancien ministre de la Marine du grand gouverne-ment Gambetta et surtout un homme courageux, Auguste Gougeard (1827-1886), dans le livre mémorable qu’il a publié après l’échec prévisible de cette commission mixte de 1878 dont il faisait partie : ce sont les Arsenaux de la Marine (3). L’auteur, qui s’est livré à des recherches historiques (4), évoque l’ancienne querelle qui a déchiré la Marine en opposant le corps militaire ou Épée au corps de l’administration ou corps de la Plume. Il décrit les conséquences nuisibles à l’intérêt public d’un principe qualifié de contradiction en matière administrative ou de dualisme administratif et qui consiste à diviser l’action administrative entre des corps qui ne sont pas subordonnés les uns aux autres, mais qui doivent travailler de concert pour accomplir la part d’action qui leur est confiée de manière indivise. Il laisse entendre que la querelle des corps n’est pas étrangère à l’adoption d’un principe funeste qui subsiste dans la Marine à l’époque où il écrit.
Exposer les opinions du commandant Gougeard à ce sujet, c’est comprendre notre démarche, lorsque la recherche initiale s’est étendue à la totalité ou presque des réformes du service administratif ou service civil ou sédentaire entreprises à partir de 1761. En effet, nous les avons d’abord supposées vraies, nous nous en sommes servi pour comprendre, nous avons trouvé chez plusieurs auteurs de l’époque (rarement chez les ministres, Colbert mis à part), des vues précises, exactes et concordantes en matière d’administration qui ont suffi à éclairer la réglementation qui devait être présentée et à confirmer les positions initiales.
Gougeard sait qu’une administration défectueuse n’a pas seulement pour effet de multiplier les dépenses (5). Seuls des procédés simples et efficaces permettent aux pouvoirs publics d’apprécier l’étendue des sacrifices à consentir et de les faire accepter par le pays. C’est ainsi que l’auteur publie, pour la première fois en France, un calcul de frais généraux par établissements et directions dont les résultats sont vraiment édifiants.
L’organisation de 1689 répond selon l’auteur aux exigences qu’il a posées. L’usine, dotée de tous ses organes, s’administre elle-même, pourvoyant à ses besoins en personnel et en matières, sous les ordres de l’intendant, à la fois administrateur et homme technique. Le groupe flotte et troupes de la Marine, selon la terminologie de 1882, est placé sous les ordres d’un chef indépendant, le commandant de la Marine. Le contrôle est prévu sous les trois formes qu’il doit revêtir : technique, administratif et financier. Du temps où les bâtiments n’avaient que deux positions, l’armement et le désarmement complet, on pouvait comprendre que la flotte et l’usine aient été con-fondues, c’est-à-dire qu’elles aient utilisé les moyens d’un même service, l’arsenal. En 1882 la séparation s’impose, les moyens à donner au groupe flotte devant limiter au nécessaire les points de contact avec l’arsenal, sans pour autant en créer un petit à côté du grand. En effet, les deux parties du port travaillent de façon différente : l’arsenal doit éviter les à-coups et donc suivre un plan de production établi d’avance, alors que la flotte doit agir avec rapidité et en utilisant sa liberté d’action.
L’ordonnance de 1776, qui renverse l’ordre précédent, repose sur deux prin-cipes erronés : 1° l’instrument de guerre est fabriqué par celui qui s’en sert (l’Épée) ; 2° les comptes, qui sont la conséquence nécessaire de cette fabrication, sont dressés et produits par un corps spécial (la Plume). Si la première erreur a été corrigée dès 1786 pour les constructions navales (mais non pour l’artillerie navale, jusqu’en 1909), la seconde « a pris, en se transformant dans l’ordonnance de 1844, un caractère tout particulier de gravité ».
Marins et militaires spécifient le besoin militaire et sont juges du résultat obtenu par les hommes techniques ; ceux-ci rédigent les projets correspondants et créent ensuite « sous leur propre direction, responsabilité et gestion » l’instrument de combat. Les directeurs, qui sont les chefs de ces hommes techniques, sont donc, qu’on le veuille ou non, des administrateurs. Il faut « les pourvoir de tous les instruments nécessaires pour administrer et, en même temps, leur imposer, avec la responsabilité technique, la responsabilité administrative qui en est la conséquence. Cette absence de définition et d’établissement de la responsabilité est le vice le plus sérieux de l’ordonnance de 1844. D’après cette loi, les directeurs ne sont pas des administrateurs, le bureau des travaux [du commissariat] ne l’est pas non plus. Il s’ensuit que personne ne l’est, et la conclu-sion logique, c’est que personne n’est responsable. Administration et responsabilité sont en effet deux idées semblables ; l’une est le corollaire obligé de l’autre. Dans l’ordon-nance du 14 juin 1844, le mot même n’est pas prononcé et il ne pouvait l’être : c’est la critique la plus sévère que nous voulons en faire. »
Par la force des choses, les services techniques ont eu peu à peu le droit de rendre leurs comptes. Pourtant rien n’a été changé aux procédés anciens, auxquels les nouveaux ont été juxtaposés, « si bien qu’aujourd’hui nous nous trouvons en présence de deux corps différents rendant compte ou, pour mieux dire, paraissant rendre compte d’un même fait […]. Ce sont ces procédés administratifs, dont la raison d’être est tout historique, que l’on a décorés après coup du nom de contradiction en matière admi-nistrative. Tant il est vrai que les sophismes les plus évidents, les appellations les moins justifiées ne manquent jamais pour défendre ce que l’on désire conserver. »
En 1882, le commissariat administre sans contradiction une petite partie du service des ports et, outre l’ordonnancement, exerce dans les autres parties des fonctions équivoques car, « si elles relèvent de l’ordre administratif, elles font double emploi avec les directions ; si ce sont des fonctions de contrôle, elles se superposent à celles de l’inspection des services administratifs [nom alors donné au contrôle]. » De plus le contrôle local, qui devrait être indépendant, exerce son autorité sous la direction de l’administration. Gougeard remarque que la Marine reste un ministère décentralisé. Les ministres ont pu jouer de la contradiction pour essayer de connaître la vérité, mais c’est un pauvre moyen comparé à la centralisation administrative.
Enfin Gougeard remarque que, dans le service des hôpitaux, que nous n’étu-dions pas ici, étant donné qu’il suit la même évolution que le service des constructions, le personnel médical n’a jamais été subordonné aux commissaires. Jamais le com-missaire de l’hôpital n’a eu de pouvoir disciplinaire sur lui, ni le droit de juger sa valeur professionnelle, ni de faire de proposition d’avancement. Ce pouvoir appartenait au médecin-chef, puis en deuxième ressort à l’intendant, dont le commissaire de l’hôpital relevait également. Il n’empêche que le dualisme règne toujours dans les hôpitaux maritimes et que Gougeard voudrait au contraire « remettre entièrement au corps médical la police et la direction des établissements hospitaliers, avec la disposition entière de tout le personnel qui y est attaché ». Le commissariat ne serait plus qu’un fournisseur (pour la réparation et l’entretien des bâtiments, le chauffage et l’éclairage, la nourriture, l’habillement et le couchage des malades). Ainsi le corps médical serait maître de l’hôpital sans descendre jusqu’aux détails de l’administration. L’on sait que cette question n’a rien perdu de son actualité dans les hôpitaux publics d’aujourd’hui.
L’exposé indique les deux niveaux de dualisme que nos lectures nous ont permis ensuite de distinguer : celui qui règne dans l’arsenal sous l’intendant depuis Colbert et celui, plus gênant encore, qui se surajoute en 1776 dans ce service sous le ministre, et qui étend considérablement le dualisme existant depuis Colbert entre le commandant et l’intendant dans le service militaire à la mer et ses prolongements à terre, dans les armements notamment. Nous ne les avons pas perdus de vue dans l’étude que nous avons faite du service des arsenaux et du service des Classes ou des équipages, qu’il s’agisse du statut des personnels, de leurs fonctions ou des relations de travail que chaque corps ou groupe (la Plume et les ingénieurs principalement) entretient avec les autres corps et groupes du port de guerre, et surtout avec l’Épée.L’étude du corps des ingénieurs-constructeurs nous avait amené à ex-ploiter le fonds ancien des archives centrales de la Marine conservé aux Archives nationales et au Service historique de la Marine (S.H.D.) à Vincennes. L’état de ce fonds et l’orientation prise nous ont conduit à rechercher des projets de réforme sans en sortir, sauf si des papiers des bureaux ou des ministres ont été rangés ailleurs, et sans recourir, sauf en cas de nécessité, aux sous-séries dites de la correspondance. Une liste de textes de loi assez complète — des ordonnances et règlements sans adresse ni sceau, pour l’essentiel — a pu être établie, pour la période allant de 1631 à 1791, et elle constitue l’épine dorsale de notre travail. Les travaux préparatoires et les mémoires adressés par les officiers sont plus ou moins nombreux et consistants selon les époques ; ils viennent éclairer les textes de loi dont nous faisons état.
La collection la plus intéressante, de surcroît prête à l’emploi, se trouve dans le chartrier de Castries (306AP) : les trois cents pièces emportées (ce sont en général des copies) par le maréchal de Castries (1727-1800) et relatives à son activité de réforma-teur ont permis de rédiger une première version de l’étude des réformes qu’il a fait accepter par Louis XVI. Ces réformes se rapportent principalement à la partie militaire du service, qui forme ainsi la seconde extension de notre travail. Celui-ci se divise désormais en service militaire (à la mer et à terre), service administratif ou sédentaire dans lequel on doit distinguer le service mitoyen des Classes ou des équipages du service des arsenaux. Les autres collections de documents, celles que nous avons formées nous-même, sont moins belles — les papiers conservés ont été dispersés et quelquefois démembrés dans toutes les séries —, mais elles nous ont paru suffisantes pour étudier les trois réformes qui ont précédé celle de Castries et les mouvements qui commencent à agiter la Marine pendant la guerre de Sept ans.
Nous devons préciser que l’étude que nous avons faite du service militaire se limite à la teneur des règlements de service ou des mémoires de réforme qui s’y rapportent, bien que ladite teneur dépasse parfois l’objet normal d’un règlement admi-nistratif. Le prolongement naturel de ce travail, ce sont les Idées militaires de la Marine au XVIIIe siècle du lieutenant de vaisseau Castex (1878-1968). L’un et l’autre livres devraient s’éclairer mutuellement, et pourtant ils ont peu de points communs : les escadres d’évolution, imaginées afin d’entraîner les officiers aux manœuvres d’escadre à défaut d’armements réguliers suffisants, et la défense des colonies par la mer et contre les armées navales adverses. Pour le reste, il manque une étude intermédiaire que Castex aurait dû faire lui-même pour éviter de donner à ses conclusions un tour méta-physique que n’ont pas celles de l’amiral Mahan (1840-1914) : cette différence donne en effet aux écrits de l’auteur américain une évidente supériorité pour ce qui concerne l’histoire. L’on pourrait penser que nos origines respectives expliquent des points de vue paraissant plus opposés que complémentaires. Voyons plus précisément ce dont il s’agit.
Dès le début de son essai de 1912, le stratège avertit son lecteur : « Les idées professées par l’ensemble des membres d’une société militaire, armée ou marine, nous ont toujours semblé plus intéressantes à considérer que son organisation elle-même ou que ses ressources matérielles, et cela à toutes les époques de l’histoire […] comme une marine n’est pas créée pour offrir des occasions de noircir du papier ou pour donner de l’occupation à des ouvriers, comme elle a le combat pour suprême but, l’idée militaire, apanage des combattants, doit inspirer en dernière analyse la pensée adminis-trative ou industrielle. Elle en doit être l’ultime moteur et le ressort caché. Les idées militaires sont les fondations invisibles d’un édifice apparent. » Castex est bien un officier d’Épée.
Il juge que la faiblesse des idées militaires a privé en 1783 les marins fran-çais de la plus belle illustration qui soit. Il reproche à Castries d’avoir transposé à la Marine les conceptions générales de l’utilisation des forces terrestres, tout en reconnais-sant que les vices des plans d’opérations de la guerre d’Amérique doivent beaucoup plus au chevalier de Fleurieu (1738-1810), un ancien lieutenant de vaisseau, qu’au ministre de la Marine lui-même. Il doute que le maréchal soit arrivé au ministère avec des idées militaires, ainsi que l’aurait écrit l’intendant Malouet (1740-1814). Castex entend par idées militaires des idées en matière de tactique et plus généralement une attitude au combat visant à faire entrer dans la tête des officiers de marine que leur arme est essentiellement offensive et tournée contre la marine de l’ennemi, contraire-ment à ce qu’ils croient et à ce qu’on leur a fait ou laissé croire. Il aborde les articles de l’ordonnance générale de 1765 qui se rapportent à la question — il sait que des officiers de marine en vue les ont rédigés — en remarquant que l’esprit est nettement défensif : il « semble dispenser de réfléchir, de combiner, de chercher à imposer sa volonté à l’adversaire. On sait à l’avance comment on doit se former. Quoi qu’il advienne, on se réfugiera dans cette figure géométrique, certain d’avoir tout fait pour obtenir la victoire ou du moins pour ne pas être battu. » Il voit aussi, d’après les instructions de campagne données aux commandants des escadres d’évolution, que le point de vue proprement militaire est secondaire, l’entraînement maritime passant avant, y compris les évolutions « géométriques ».
Le terme d’idées militaires que Castex a pris dans les mémoires de Malouet ne correspond pas à la pensée de cet officier de Plume. Castries sait avant d’entrer au ministère que les officiers de marine n’ont de militaire que le nom, et il reprend en sous-œuvre l’édifice maritime que nous étudions afin de les convertir ; il y serait parvenu avec le temps, le temps que tous les officiers de marine prennent le bon pli et perdent les habitudes d’une marine « bourgeoise », ainsi qu’on les a caractérisées, ce qui est un comble pour un corps noble qui affecte de mépriser le commerce. C’est pour cette raison, probablement, qu’il a préféré le portefeuille de la Marine à celui de la Guerre. Si le maréchal de Castries a encouragé ses généraux à attaquer, il n’a pas cherché à dé-truire la suprématie de la doctrine défensive dans la marine française, et il a dû croire que ce serait l’œuvre de ses successeurs, et d’abord de Suffren à qui il avait pensé plus spécialement. Castex a donc commis un contresens, et cela parce qu’il s’adresse davantage aux officiers de marine de 1912 qu’à ceux de Louis XVI, ainsi que le montre le passage suivant : « Il est en effet extrêmement difficile de traîner vers l’offensive une organisation conçue en vue de la protection. Si l’on essaie en particulier de bâtir pour la flotte française actuelle un projet d’opérations agressif contre n’importe qui, et cela à titre d’exercice personnel, on demeure stupéfait du nombre de bateaux qu’il faut, surtout en ce qui concerne les unités de flottille (contre-torpilleurs et grands sous-marins), sortir de leurs trous, arracher à la défensive pour les jeter contre la flotte ennemie. La perte de rendement due à l’immobilisation protectrice ( ?) est fabuleuse. Quand on cherche à tourner cette machine dans le sens de l’offensive, tout est à créer, jusqu’à de nouveaux groupements tactiques et à de nouveaux liens de commandement. »
Castex, qui est un officier de marine, rapporte tous les déboires de la France en matière militaire à l’usage contre nature qu’elle a fait de sa marine. Cette position lui permet de taire ce qu’il n’a pu manquer de constater par ses lectures d’archives : des désobéissances individuelles et collectives dans les rangs des officiers des bâtiments armés, la désunion dans leur corps et plusieurs actes contraires à l’honneur qui n’ont pas été étrangers au sort des armes. Dans l’opinion publique, celle des milieux maritimes du moins, l’on perçoit pendant la guerre de Sept ans un air de désapprobation et une mé-fiance qui peut aller jusqu’au désir de doubler la Marine par une autre force armée sur mer, voire même de remplacer la première par une marine affermée. Au lieu de cette unique cause, nous en trouvons donc au moins trois autres : l’infériorité matérielle et surtout numérique en général (et non dans chaque engagement), la mauvaise organisa-tion au sens où nous l’entendons, ainsi que Malouet, dans notre travail et le mauvais état d’esprit des officiers dans leur ensemble, lequel est le résultat de l’organisation autant que du recrutement.
Ici encore nos lectures d’archives viennent confirmer l’opinion générale du commandant Gougeard. Cet ancien capitaine de vaisseau est conscient des progrès accomplis par son corps en matière de discipline et de subordination. « Sur la discipline, sur le respect dû à leurs chefs et à eux-mêmes, [les officiers de marine] professent des opinions d’un ordre incomparablement plus élevé. Ces compétitions de chaque jour, ces interminables discussions allant même parfois jusqu’au refus d’obéir, et qui jettent, quand on les étudie de près, comme un voile de tristesse sur ces époques en apparence si brillantes, leur sont devenues étrangères. Si, à l’égal de leurs aînés, le sentiment de leurs devoirs à l’égard de la patrie les anime, ils ont à un degré bien autrement élevé la notion de leurs obligations envers leurs inférieurs […] si, en un mot, les succès ne répondirent pas entièrement aux espérances, c’est que cette obéissance complète, rapide et con-fiante, qui seule pouvait les assurer, manquait à tous les degrés de la hiérarchie […]. Tels étaient les officiers à l’époque de la guerre d’Amérique. Tels ils étaient encore au début de la Révolution française, très jaloux de leurs privilèges et pourtant, inconsé-quence plus commune qu’on ne le suppose, supportant difficilement le joug de l’autorité au maintien de laquelle leur conservation était intimement liée » (6). Gougeard attribue naturellement l’esprit du corps à son recrutement privilégié, mais aussi à la mauvaise éducation des gardes dans la Marine. Nous aborderons ces questions sans nous reporter à des études de cas, c’est-à-dire aux meilleurs travaux publiés sur les batailles, parce que nous pensons qu’il faudrait d’abord réétudier celles-ci à la lueur du service militaire tel que nous le présentons.L’examen des documents qui se rapportent aux réformes exige de connaî-tre les noms de leurs auteurs. Quelquefois la lettre d’envoi est restée jointe à un ex-emplaire du mémoire calligraphié ; en général seul ce dernier a été conservé, ou alors les deux documents sont conservés à part. La règle veut que les mémoires soient ano-nymes car ils sont lus et résumés ou commentés au profit du ministre par les bureaux ou par des hommes de différents grades ou états ayant sa confiance, qu’ils travaillent isolément ou qu’ils soient membres de comités. C’est la traduction d’un principe de l’ancien gouvernement : tous les sujets du Roi ont le devoir de le conseiller, et ses officiers le remplissent par l’envoi de mémoires sur des objets de leur service, lorsqu’il leur en est demandé ou de leur propre mouvement. La liberté de ton surprend le lecteur habitué à la prose administrative actuelle. Dans plusieurs cas, et notamment dans la préparation de l’ordonnance générale qui devait être rendue en 1764 et des ordonnances de 1689 et 1776, des comités ont été formés pour rédiger la loi d’après les indications du ministre et d’après les mémoires : ainsi s’est instaurée une discussion contradictoire sinon publique de la loi de la Marine. D’autres mémoires proviennent de particuliers proches à un titre ou à un autre de la Marine, et nous avons tenu compte de leur voix, même si elle ne représente pas l’opinion publique en général, quoiqu’elle puisse être la voix des milieux maritimes.
Dans cette masse de documents, les plus importants sont donc ceux des commis et des quelques officiers, des militaires surtout, qui approchaient de près les ministres et ont été directement associés à leur œuvre de réforme. Plusieurs écritures caractéristiques nous ont donné l’idée de rechercher l’auteur sous la plume chaque fois que l’écrit n’a pas été calligraphié ou que la version calligraphiée porte des corrections autographes, et nous sommes arrivé à de bons résultats pour cette catégorie d’écrivains. Il convient encore de distinguer le commis ou officier qui écrit d’après ses propres idées de celui qui compose d’après celles du ministre, lorsqu’il a reçu l’ordre de les déve-lopper ; il arrive que toutes ces idées se combinent dans un même mémoire.
Les premières ordonnances de réforme datent de la fin de 1761 ; cela ne veut pas dire que, dans l’intervalle, l’ordonnance de 1689 soit restée immuable, et nous étudions dans la première partie du travail, à la suite de chacune des trois grandes parties du service (service militaire, service des Classes, service des arsenaux) et de leurs subdivisions, les principales modifications qui ont été apportées à cette ordonnan-ce. Les changements perceptibles sont de peu d’ampleur, comparés à ceux que Choiseul envisage dès 1761 et qui ne cessent plus jusqu’à la Révolution, ce qui prouve que cette année marque bien le début de l’ère des réformes décidées. Mais de quand date le mouvement de fond que traduit le changement d’état d’esprit dans la Marine, lequel rend possible la réforme ou au contraire soulève les officiers contre elle ? Ce change-ment-ci se lit dans les mémoires que nous avons lus : le parti pris avoué, l’aigreur et l’exagération dans les propos, surtout chez les militaires, paraissent remonter à 1756. Il y a des mémoires antérieurs sur les mêmes sujets, mais sur un autre ton, et il en reste peu, semble-t-il, alors qu’ils sont ensuite assez nombreux jusqu’à la Révolution et que leur ton trahit en général l’appartenance à tel ou tel corps.
Nous avons cherché les événements et les considérations d’ordre intérieur qui ont mis la Marine en mouvement. Les provocations à l’égard des écrivains embarqués de la part de plusieurs commandants à la mer, en 1754 et 1755, forment le détonateur ; le désaveu initial d’un pouvoir pourtant faible conduit des militaires à publier les Considérations sur la constitution de la marine militaire de France en 1756, une publication illicite qui contredit le principe du devoir de conseil rappelé ci-dessus. Par son contenu, implicite ou explicite, ce libelle fait pendant à la Noblesse militaire du chevalier d’Arcq (1721-1795), paru la même année. Cette publication est le premier événement ; les défaites navales de 1758 et 1759 et leurs suites forment le second. Quant aux considérations évoquées de manière partiale dans la brochure et dans presque tous les mémoires étudiés, elles se rapportent généralement à l’ordonnance de 1689.
La réforme dans la Marine s’est bien faite par rapport à l’ordonnance du 15 avril 1689 « pour les armées navales et arsenaux de marine ». Pour autant les faiseurs de projets qui parlent de l’esprit de cette loi le connaissent-ils ? Font-ils même un effort pour le comprendre ? La lettre est déjà difficile à bien saisir. L’un des premiers commis dont le témoignage est le plus important, Jean-Baptiste Blouin (1733-1785), prétend même que l’ordonnance de 1689 altère, dans un sens favorable aux militaires, les dispo-sitions prises du vivant de Colbert (1619-1683) ou l’esprit qui l’a guidé. Une étude complémentaire devenait donc nécessaire, et nous l’avons menée avec des sources imprimées, principalement le Code des armées navales publié en 1758 et les volumes de la correspondance de Colbert publiée par Pierre Clément (1809-1870) et ses collabora-teurs qui se rapportent à la Marine. La conclusion est nette : Blouin s’est trompé, notre étude principale doit bien commencer en 1689, après le rappel des principes de Colbert (7).
Parmi ces principes, il en est un qui est passé à peu près inaperçu jusqu’à nos jours : Colbert a pensé à donner au service militaire la forme militaire, en associant en permanence des officiers et des marins à un vaisseau, comme c’était le cas dans les Galères, ou au moins des officiers et des marins, par le cantonnement. Il n’y est pas parvenu, et la Marine est restée organisée comme celle d’un armateur jusqu’à la fin de l’époque de la voile. Dans les années 1750, le roi de Danemark adopte cette idée, et le premier mémoire français que nous ayons lu et qui parle de l’organisation de la marine de ce pays date de 1758. D’autres officiers sont conquis : ils voient dans cette formation permanente des officiers de marine français le moyen d’extirper pour toujours l’esprit d’indiscipline et d’insubordination qui les caractérise depuis Colbert et qui est la cause principale de leur infériorité permanente et de plus d’une défaite navale. Les ministres réformateurs vont écarter cette formule au profit du régiment ou de la brigade d’artillerie, pour des raisons d’économie et pour d’autres raisons qui tiennent aux préjugés de la Marine, parce que l’engagement militaire des matelots paraît encore au plus grand nombre comme une opération contre nature. L’étude du service militaire s’éclaire ainsi et devient plus facile, sinon moins longue que celle du service sédentaire. La réforme de la marine de Danemark serait à étudier, mais ce travail nous a paru superflu ici, de même que l’étude du port de Karlskrona en Suède pour le service sédentaire. L’approfondissement de notre sujet le rendrait nécessaire.Le plan du livre se déduit simplement de ce qui précède. Dans la première partie ou titre nous étudions le régime de l’ordonnance de 1689 dans les grandes divisions du service et leurs subdivisions jusqu’en 1757, les chapitres introductifs servant à rappeler les principes de Richelieu et ceux de Colbert. Dans la seconde partie nous évoquons l’effervescence qui se manifeste à partir de 1756 dans les ports et dans une partie de l’opinion publique par l’examen d’un certain nombre de mémoires, puis des projets du ministre Berryer (1703-1762) qui a précédé Choiseul (1719-1785) et des premières mesures que ce dernier a prises lorsqu’il est arrivé au ministère. Les trois autres parties traitent des quatre vagues de réformes mises en œuvre successivement par Choiseul, Bourgeois de Boynes (1718-1783), Sartine (1729-1801), Castries et La Luzerne (1737-1799). L’ordre chronologique s’impose parce que les ministres sont alors les véritables législateurs et que la réforme passe le plus souvent par la loi, même si le parti que nous avons pris en matière de sources peut nous avoir conduit à exagérer l’importance réelle de la loi dans l’œuvre des ministres. Dans chacun des exposés l’on retrouve les modifications des parties et sous-parties du service étudiées précédemment.
L’exposé est long et il paraîtra parfois répétitif. Si nous le comparons à celui que M. Daniel Baugh a consacré à l’administration de la marine britannique de 1739 à 1748, nous voyons que nous avions trente-quatre années à étudier au lieu de dix, et que notre travail est trois fois plus long que le sien (8). D’un autre côté l’auteur américain suppose connues certaines notions d’administration et même la teneur de plusieurs anciennes lois ou regulations. Nous ne pouvions pas nous le permettre et nous avons dû adopter pour cette raison également le plan chronologique, avec évocation des mêmes matières dans chaque partie ou époque. Ce plan seul permettait de les présenter claire-ment, après un examen rendu long et difficile par l’état de l’historiographie et par leur complexité même. Nous avons profité de la première partie pour présenter plusieurs notions principales au fur et à mesure de leur apparition. Le sens qui leur est donné pouvant changer ou s’altérer avec le temps, il importe de noter ces variations dans une étude consacrée à des réformes, qu’il s’agisse d’adopter une forme nouvelle ou de revenir à une ancienne forme jugée supérieure ou plus pure. Dans certains cas, l’altéra-tion est calculée par les acteurs en fonction du but qu’ils visent, mais nous verrons aussi tel officier général demander ingénument le retour à l’esprit de l’ordonnance de 1689 tout en louant un mémoire de réforme qui est tout contraire à ses principes. Enfin nous avons manipulé au moins 7 000 articles de loi et plusieurs centaines de lettres et de mémoires. Nous ne sommes pas sûr d’avoir toujours compris le sens véritable de tel article ou de tel passage : c’est pourquoi nous citons en général les lois article par article et les parties principales des mémoires analysés, même longuement, plutôt que de para-phraser ces derniers.
L’intérêt des auteurs qui s’occupent de marine s’est récemment déplacé vers le matériel, au moins en France, et il a fait progresser la connaissance historique. L’abus d’arguments tirés de l’état matériel des flottes fausse cependant l’interprétation des campagnes et même de la politique navale ou stratégique des États (9). Aussi avons-nous adopté l’ancien point de vue, parce que, sans donner à la loi plus d’importance qu’elle n’en a dans le relèvement d’un service public, nous pensons avec le colonel Ardant du Picq (1821-1870) que, dans une armée quelconque, l’élément moral est la condition première du succès, tant que l’homme reste l’instrument premier du combat, et que l’organisation qui assure le mieux le bon esprit, la solidité, la confiance des troupes, est la plus propre à décider de son issue (10).Une forge nationale pour quoi faire ? Les forges de La Chaussade à Guérigny (Nièvre), 1840-1885, 2 vol., 955 p. et 26 pl. h. t., mémoire de maîtrise de l’université Paris IV, 1990.
1814-1817 ou L’épuration dans la Marine, 359 p. et 2 dépliants, mémoire de D.E.A. de l’université Paris IV, 1991. Une version révisée de ce travail a paru en 2005.
Les arsenaux de la Marine. Organisation administrative. Organisation économique, industrielle, militaire, 2 vol., 1882.
On reconnaît par son ouvrage précédent, La Marine de guerre, ses institutions militaires depuis son origine jusqu’à nos jours. Richelieu et Colbert d’après les documents inédits, 1877, qu’il a consulté notamment le Code des armées navales de 1758, qui rassemble par ordre de matières les principaux textes législatifs ou réglementaires rendus du temps de Colbert et comprend une réédition de l’ordonnance du 15 avril 1689.
Les arsenaux de la Marine, tome 1, Organisation administrative, p. 3, 4, 6, 12, 13, 17 à 19, 27, 28, 56, 57, 70, 74, 88 et 126-128, pour ce développement.
Auguste Gougeard, La marine de guerre, ses institutions militaires depuis son origine jusqu’à nos jours. Richelieu et Colbert d’après les documents inédits, Berger-Levrault, 1877, p. 109, 117-118, 119 et 120, pour ce développement.
Cette étude particulière a paru sous le titre La Marine de Colbert. Études d’organisation, Economica, 2003.
Daniel Baugh, British Naval Administration in the Age of Walpole, Princeton University Press, 1965. Cet auteur a obtenu en 1977 la publication par la Navy Records Society de Londres d’un volume de pièces intitulé Naval Administration, 1715-1750. Nous avons de même préparé un volume de documents relatifs au service administratif de la Marine dans les ports, sous le titre « Les arsenaux de la Marine par les textes (1631-1791) ».
On en trouve un exemple parmi d’autres dans les actes des 7es journées franco-britanniques d’histoire de la marine, Les marines française et britannique face aux Etats-Unis (1776-1865), Vincennes, S.H.M., 1999, et spécialement dans les huit communications relatives à la guerre d’Amérique. L’auteur de l’exposé introductif rapporte en passant un propos de l’ambassadeur de Vienne à Madrid, « une belle flotte, mais que valent les hommes ? » (p. 12), mais il se garde de donner le moindre élément de réponse. C’est à l’un des auteurs anglophones qu’il revient de rappeler ce qu’était l’honneur d’un officier, et il sera question plus d’une fois dans le présent travail de la manière dont les officiers de marine français concevaient cet honneur dans les deux royaumes. Notons qu’ici encore Gougeard a vu juste et distingué l’honneur qui porte quelquefois à désobéir de l’esprit de désobéissance. « Viewing the past through nineteenth-century spectacles, we are apt to imagin that an officer’s honour obliged him to do his duty. This is a serious misunderstanding. Honour was a strictly personal matter, which obliged an officer to serve only two people: himself and the King, in that order. It had very little to do with abstract obligations to the Navy or the country. The essence of honour was reputation: a man of honour expected, and was expected, to establish his honour by his courage in battle. This meant that a man of honour also expected to be given the chance to distinguish himself, expected to receive a command adequate to his rank and reputation, suggested by forces sufficient to win. » (p. 126).
Choiseul déclare aux intendants des ports que « le bon ordre et le zèle dépendront toujours plus du zèle et des talents des sujets de l’administration que de nouveaux règlements » (lettre circulaire du 13 juillet 1764). Un ancien conseiller de De Gaulle devenu conseiller d’État, Jacques Narbonne [1918], écrit de son côté : « Je n’ai jamais pu croire que les structures administratives fussent des facteurs prédominants. Je ne crois pas à la vertu des lois et décrets lorsqu’il s’agit de redresser une situation. C’est une manie bien française — je n’ai pas vérifié si elle était internationale — de croire qu’un problème est résolu dès que l’on a rédigé et fait adopter un texte. Les textes sont souvent moins l’expression de la volonté et de l’efficacité gouvernementale qu’un alibi et un signe d’impuissance. » (De Gaulle et l’éducation. Une rencontre manquée, 1993).
TABLE DES MATIÈRES
UNE AUTRE MARINE (1756-1789). RÉFORME D’UNE INSTITUTION
[Premier volume] AVANT-PROPOS 9
TABLE DES MATIÈRES 19
TITRE I : LA MARINE DE COLBERT 25
Chapitre premier : L’ancienne Marine 29
Chapitre 2 : Les principes de Colbert 37
2.1. Le corps militaire de la Marine 38
2.2. Les classes de la Marine 46
2.3. Les arsenaux de la Marine 49
Chapitre 3 : Le régime de l’ordonnance de 1689. a. Les corps militaires de la Marine 59
3.1. Le corps des officiers de marine 59
3.2. Les gardes de la Marine 71
3.3. Les compagnies franches de la Marine 80
3.4. L’artillerie de la Marine 87
Chapitre 4 : Le régime de l’ordonnance de 1689. b. Les classes de la Marine 97
4.1. L’enrôlement des gens de mer 97
4.1.1. Le recrutement des matelots par les mousses 98
4.1.2. Les novices 101
4.1.3. Les pilotins, les écrivains et les volontaires 103
4.1.4. Les ouvriers 105
4.1.5. Les exemptés : capitaines marchands, maîtres, patrons et pilotes 107
4.1.6. L’étendue géographique des Classes 111
4.1.7. Le service par classes 113
4.1.8. La tenue des registres 115
4.1.9. La surveillance des gens de mer non levés pour le service du Roi 117
4.1.10. Les privilèges des gens de mer 120
4.1.11. La radiation de l’ordre des Classes 121
4.1.12. Les invalides de la Marine 121
4.2. Les levées d’hommes et leur emploi au service du Roi 124
4.2.1. Les levées dans les départements 124
4.2.2. La distribution des gens de mer sur les bords 128
4.2.3. La paie et l’avancement 132
4.2.4. Le régime des prises 135
4.2.5. Les punitions militaires 136
4.3. Les officiers des Classes 138
4.4. Le système des Classes peut-il fonctionner ? 142
Chapitre 5 : Le régime de l’ordonnance de 1689. c. L’administration de la Marine
dans les ports 149
5.1. Le statut des personnels 149
5.1.1. Les officiers de plume 149
5.1.2. Les maîtres entretenus 160
5.1.3. Les ouvriers des arsenaux 170
5.1.4. Les officiers de port 173
5.2. L’organisation des travaux dans le port 175
5.2.1. Les approvisionnements 175
5.2.2. Les chantiers et ateliers 183
5.2.3. La conservation, les armements et désarmements des vaisseaux 190
5.2.4. Le contrôle 196
5.3. Les bureaux et les finances de la Marine 199
Conclusion du titre premier 205
TITRE II : DES IDÉES DE RÉFORME (1756-1762) 221
Chapitre 6 : Un vent de fronde dans les ports 225
6.1. Le mémoire de Lenormant de Mézy 225
6.2. Les Considérations sur la constitution de la marine militaire de France
de 1756, ou de la destruction de la Plume 239
6.3. L’Essai d’administration de la Marine d’avril 1758, ou plan Narbonne 247
6.4. Les idées d’un officier de port (1762) 252
Chapitre 7 : Les voix de l’opinion publique 261
7.1. La noblesse commerçante et la noblesse militaire 261
7.2. La Plume et l’Épée en question 277
7.3. Repeupler les Classes 291
7.4. Des expédients de finance 294
Chapitre 8 : Projets et premières réalisations des ministres (1761-1762) 301
8.1. Le plan Truguet-Berryer de 1761 301
8.2. La suppression de l’infanterie de la Marine 311
8.3. La transformation de l’artillerie de la Marine 318
8.4. Premières mesures relatives à la Plume et à l’Épée 322
8.5. La reconstitution de la marine matérielle 330
TITRE III : L’ÉCHEC DU GRAND DESSEIN DE CHOISEUL (1763-1769) 333
Chapitre 9 : Les quatre points cardinaux de la réforme 337
9.1. Le retour à Colbert ou le plan Blouin 337
9.2. Un programme révolutionnaire : le plan d’Estaing de 1763 341
9.3. Une autre imitation de l’Angleterre ou le plan Rodier 350
9.4. Le plan de l’Épée 356
Chapitre 10 : L’ordonnance militaire de 1763-1764 369
10.1. Le premier plan du duc de Choiseul (été 1763) 372
10.2. Les projets d’ordonnances de 1764 379
10.2.1. Le service sédentaire en 1689 et en 1764 380
10.2.2. Le service militaire en 1689, 1764 et 1765 391
10.3. Le mémoire de Chanteloup 399
Chapitre 11 : Statu quo pour l’Épée 405
11.1. Les gardes de la Marine 405
11.2. Le corps de la Marine 412
11.3. L’artillerie de la Marine 417
Chapitre 12 : Naissance d’un nouveau pouvoir : le corps des ingénieurs-
constructeurs de la Marine 425
12.1. Des constructeurs à la recherche d’un titre 425
12.2. De l’esprit de famille à l’esprit de corps 429
12.3. Grandeur et limites de la promotion sociale 434
Chapitre 13 : Un sursis pour la Plume 437
13.1. L’ordonnance générale du 25 mars 1765 437
13.2. Les habits neufs de l’administration de la Marine 443
[Deuxième volume] TITRE IV : LES RÉFORMES BOYNES ET SARTINE
OU LE BUT MANQUÉ (1772-1776) 459
Chapitre 14 : Un corps d’officiers enrégimentés 461
Chapitre 15 : Une école navale au Havre 481
Chapitre 16 : Un retour en arrière ? 491
Chapitre 17 : L’impossible retour à l’organisation d’avant 1761 505
Chapitre 18 : Le chant des sirènes 519
Chapitre 19 : Une marine sédentaire d’allure militaire ou l’organisation de 1776 537
TITRE V : LA RÉFORME CASTRIES (1782-1788) 573
Chapitre 20 : De l’ordre dans les Classes 577
20.1. Une nouvelle refonte du système de Colbert 579
20.2. Le service à bord 603
20.3. La discipline et la retraite du marin 608
Chapitre 21 : Une arme pour l’artillerie de la Marine 615
Chapitre 22 : La régénération du corps de la Marine 633
22.1. L’épreuve de la guerre d’Amérique 633
22.2. Le recrutement des officiers de marine ou la poursuite de la querelle
des anciens et des modernes 646
22.3. Les projets de Hollande 659
22.4. Un autre plan de division de la marine militaire 670
22.5. La nouvelle formation du corps de la Marine 683
22.6. Les élèves de la Marine 690
Chapitre 23 : Du côté des arsenaux 711
23.1. Les progrès des ingénieurs-constructeurs 712
23.1.1. La standardisation de la flotte 712
23.1.2. La réforme de l’école de Paris 718
23.1.3. Les progrès du corps 729
23.2. Le désordre des arsenaux 733
23.2.1. De la supériorité de l’Angleterre 733
23.2.2. Les arsenaux et les intérêts particuliers 745
23.3. Le procès de l’ordonnance de 1776 760
Chapitre 24 : Des bureaux et des conseils 775
CONCLUSION 795
TABLEAUX ANNEXES ET ARTICLE ANNEXE 819
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 903
TABLE DES MATIÈRES 1001
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