L’auteur fait avec les informations dont il disposait alors

une synthèse des recherches menées sur les religions utilisant extase comme moyen d’accès au divin en particulier les cultes de possession et le chamanisme. Constatant l’indigence de la sociologie en matière de religion, son propos est en outre de traiter l’exaltation religieuse comme un fait social et plus précisément de voir comment l’usage de l’expérience extatique varie selon les conditions sociales dans lesquelles elle intervient. De ce fait l’ouvrage est une étude comparative qui présente la fois les défauts et les qualités de ce type d’entreprise. Ainsi applique-t-il le même traitement à des réalités très différentes saisies au travers de l’interprétation qu’il fait des informations recueillies dans des travaux pour le moins hétérogènes

Il procède par ailleurs des réductions hâtives. Par exemple, tous les prêtres inspirés sont considérés comme des chamans et ainsi appelés tout au long du texte sans qu’aucune démonstration ne rende véritablement pertinent un tel amalgame. De nombreuses analyses bien que justes dans leurs grandes lignes ne sont alimentées que par des argumentations naïves. C’est le cas d’une partie des raisons invoquées pour expliquer l’importante participation féminine aux cultes de possession par exemple : elles envient les hommes. Ces exposés approximatifs vont parfois à l’encontre même des intentions exprimées par l’auteur dans son premier chapitre qui laissait mieux augurer. (…) Certains passages toutefois, de la même façon que ce premier chapitre, retiennent l’attention. Il en est ainsi de celui qui traite du rapport entre possession et sorcellerie. Apparaissant dans un même contexte social, il établit divers types de corrélations entre les groupes sociaux et le type de phénomène qui apparaît (…) l’ouvrage se termine par un chapitre portant sur l’approche psychiatrique des phénomènes de possession. Après un exposé sur le caractère hystéroïde mais professionnel de la transe de possession, sur les rapports entre psychothérapie et possession, entre psychiatre et chaman etc., Lewis expose ses conclusions. Ces religions lui apparaissent en dernière analyse comme une philosophie des causes finales alors que la psychanalyse et la psychiatrie peuvent d’un certain point de vue être considérées comme des formes limitées et imparfaites de chamanisme Cet ouvrage sans grande surprise qui présente un certain nombre de cas - aide d’un appareil conceptuel parfois trop sommaire - donne une impression fréquente confusion Pour rendre justice auteur ajoutons que cette dernière tient largement à la traduction dont l’indigence serait comique si le volume n’était paru dans une collection scientifique. Ainsi par exemple a-t-on la stupeur de lire 134 que les Zulu et les Pondo sont apparentés par les mâles. Une note indique laconiquement au bas de la page Famille agnatique. Bien évidemment le texte de Lewis est plus concis, il parle de tribus patrilinéaires (l’ignorance du vocabulaire de l’anthropologie sociale et religieuse ajoute un goût malencontreux pour le charabia). Ainsi page 131 lit-on « Dans exemple qui rattache la sorcellerie la possession que nous venons de démontrer, on peut dénombrer trois contextes distincts de possession, traduction de : In the pattern connecting witchcraft with spirit possession which we have just established, three separate contexts of possession can be distinguish … ed Penguin Book 122).

Il est regrettable que l’on doive se reporter original pour comprendre la traduction de cet ouvrage qui a le mérite de situer dans une perspective sociologique l’expérience extatique présente dans de nombreuses religions.