La plus belle femme du monde est assise sur l’appui d’une fenêtre. Mélancolique et chavirée par des musiques nomades, elle entoure de ses bras un pommier rabougri. Il s’agrippe à sa poitrine et s’efforce d’accorder le rythme de sa respiration au sien. Il est emporté vers Jamella sur le dos du Tigre blanc et atterrit au milieu d’une foule en transe entassé dans une salle d’attente couverte de lierre. Revigoré par les radiations en provenance de la Grande Ourse, un violoncelliste glabre tatoue sur les murs d’une tour du silence une fresque piquée de notes oranges.
La plus belle femme du monde scande son nom à gorge découverte, puis profère les mâchoires serrées « Baise les pieds de la Reine de la nuit ». Il s’attache à l’examen du Livre et quelque part dans les plis de l’aube il trouve un bout de papier froissé sur lequel est inscrit « Et le Verbe fuit ». Il se repose à l’ombre d’un cactus, il enfonce ses orteils dans le delta du fleuve de son lit, à travers des millénaires de silence, il entend son coeur cogner. Il se love tremblant sous les ailes d’un cygne qui vogue souverain sur l’onde accueillante.