Une atmosphère sombre et oppressante plane sur ce second opus d'une trilogie ayant pour toile de fond la guerre de Cent Ans, la menace d'invasion des troupes armées et les abus de pouvoir des seigneurs sur les petites gens dont les tentatives d'émancipation étaient lourdes de conséquences et de châtiments. La peinture minutieuse du contexte sociohistorique de cette époque trouble ainsi que des contrées moyenâgeuses engluées dans des superstitions qui donnent lieu à des chasses aux sorcières irrationnelles (poussant ici Lilith à se suicider en sautant du haut d'une falaise) est encore alourdie par les désirs de vengeance obnubilant l'héroïne. L'obsession de cette dernière provoque d'ailleurs un certain sentiment de malaise, d'autant plus qu'elle n'hésite pas à fournir à une femme battue l'arsenic qui conduit son sinistre époux à la mort... L'amitié que développe Lésia avec une jeune fille amoureuse de la vie confère heureusement un peu de lumière à ce récit (abondamment peuplé d'hommes rustres et grossiers) que l'on réservera à des lecteurs non seulement avertis, mais également aguerris en raison de la langue recherchée et riche en termes archaïques qui ne sont pas tous expliqués en bas de page. À compter de 14 ans. [SDM].

Île de Guernesey, 1338. Lésia habite désormais avec Lilith, la vieille Groac'h de la forêt, qui a accepté de lui transmettre son savoir de guérisseuse et de sorcière. Tout en s'initiant à la confection des philtres d'amour, remèdes et autres décoctions de plantes auxquels recourent les femmes de la région afin d'envoûter leur bien-aimé ou de combattre les maris qui les brutalisent, Lésia (qui se fait désormais appeler Élisa) orchestre ses propres désirs de vengeance contre les quatre hommes qui ont causé la mort de ses parents et forcé son amoureux à partir guerroyer contre les Français. La jeune femme n'hésite pas à invoquer Lucifer en personne pour faire basculer Jusserand dans la folie, pour gâcher le mariage de Tarandieu en lui conférant le faciès d'un garou ou encore pour manipuler Ranulf dans le but de récolter les preuves qui lui permettront de confondre le sinistre bailli Gaultier de La Salle, qui règne en despote sur ses serfs. Mais gare aux chasseurs de sorcières qui ne prennent jamais de repos... [SDM].