Ce titre s'insère dans une série de libres adaptations de grands classiques de la littérature fantastique que l'on se propose de mettre à la portée des enfants en faisant ressortir des thématiques qui leur sont familières et qui les rejoignent. Cet opus revisite le chef-d'oeuvre romantique et gothique de Mary Shelley narrant la douloureuse destinée d'une créature monstrueuse née "d'un bricolage de pièces détachées" qu'un savant fou prénommé Frankenstein a agrafées, cousues et collées: "une jambe de pirate par-ci, un oeil de perdrix par-là, un pied confisqué à un prisonnier et les bras d'un boucher maladroit" (p. [5]). Or, son corps d'une grande laideur fait lâchement fuir son créateur ainsi que tous les gens qu'il approche, le plongeant dans une solitude dévorante et douloureuse qui attise sa colère et le conduit à tout casser et brûler autour de lui. Profondément malheureux, le monstre retrouve son créateur et le prie de lui fabriquer une compagne avec laquelle il pourra unir sa destinée. Le refus du professeur, qui est sur le point de se marier, ravive la colère et le sentiment d'injustice de la créature, qui assouvit sa vengeance en détruisant son château et en faisant fuir tous ses invités. De montagnes en déserts, Frankenstein pourchasse sa création maléfique avec l'intention de la démonter, mais cette course-poursuite permet à cette dernière de trouver un ami aveugle qui la voit telle qu'elle est vraiment et lui permet de trouver enfin la paix ... [SDM].

Une adaptation très réussie qui respecte l'essence de l'original tout en atténuant ses côtés les plus horrifiants et morbides, et ce, en s'attachant à dépeindre l'abandon, la solitude, la détresse et le sentiment d'iniquité dont souffre le monstre. Ce dernier prend lui-même la parole afin de narrer sa triste destinée, marquée par les tourments et l'impuissance qu'il éprouve face au dégoût qu'il inspire à tous, lui qui est né du travail d'un savant qui n'a pas vu plus loin que le bout de son nez. Des peintures de synthèse, réalisées dans une palette faisant la belle place au sépia et au bleu, plantent le décor dans un univers gothique d'antan nimbé de la lumière d'orages nocturnes et des incendies que le héros fait naître sur son passage, lui dont le physique désavantageux est atténué par des traits rebondis et un peu naïfs réussissent à rendre attachant. Une version réussie et à la portée des plus jeunes, qui pourra néanmoins troubler les âmes les plus sensibles. [SDM].