La censure officielle du XIXe siècle, comme l'autocensure que pratiquent certains adaptateurs modernes de textes anciens, sont des entreprises vouées à l'échec. Dès que la censure supprime un texte, un mot, un passage, la curiosité du public est suscitée et il cherche à interpréter le silence, à lui redonner du sens. La subversion silencieuse analyse le processus par lequel la censure tente de justifier ses décisions et les auteurs essayent, pour leur part, de répondre aux exigences des censeurs. Souvent, l'oeuvre censurée finit par paraître sous une forme modifiée qui est le résultat d'une négociation entre l'auteur et ses censeurs. Les traces de ce travail de retranchement et de modifications restent encore visibles sur les versions manuscrites des pièces de certains auteurs du dix-neuvième siècle (Hugo, Musset, Dumas père et fils, Balzac, Zola) ainsi que dans l'intertexte d'une oeuvre originale et son adaptation en opéra, film ou comédie musicale (La reine Margot, Miss Saigon, The Hunchback of Notre-Dame de Disney, Madame Butterfly, La Traviata). Le fil conducteur de ce livre est une analyse des trous qui résultent du dialogue entre les auteurs et les censeurs permettant de reconstruire le véritable discours subversif qui se greffe sur le dit du texte.